L’Innovation est de tous temps au cœur de la stratégie d’entreprise et joue un rôle déterminant en apportant ses impulsions dans tout système économique qu’il soit local ou global.

Depuis les théories de Schumpeter et son Cycle des Affaires publié en 1939, deux évolutions majeures sont apparues.

Tout d’abord le champ de l’Innovation s’est considérablement élargi et n’est plus borné aux seules ruptures technologiques affectant le produit ou son procédé fabrication. L’Innovation apporte de la valeur quand elle touche également la Supply Chain, le Développement Durable, l’organisation, les processus internes. Aussi le manuel d’Oslo de l’OCDE (2005) donne pour définition de l’Innovation  la mise en œuvre (implémentation) d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieure.

Ensuite, le processus d’Innovation s’est structuré et enrichi de nombreuses techniques, tirant son parti tant des évolutions culturelles apparues dans le domaine du développement logiciel avec les méthodes AGILES ou du Lean pour les services, que des nombreux outils collaboratifs apparus avec le Web 2.0 ou encore des nouveaux modèles empiriques issus des techniques du BIG DATA.

Voici trois conseils pour structurer et dynamiser le processus d’Innovation dans l’entreprise digitale et pour en tirer le meilleur parti.

Conseil N°1 : Tout d’abord, il faut veiller à la mise en place de trois étapes distinctes que sont l’Idéation, l’incubation et le portage opérationnel.

La première est l’idéation. Les techniques de génération et de recueil d’idées nouvelles sont nombreuses. Elles vont de la simple « boîte à idée » jusqu’aux challenges internes, plateformes en ligne, techniques de type « hackathon » ou Management Visuel (un des outils du Lean). Pensez qu’il est primordial pour vos collaborateurs de connaître l’existence d’un tel dispositif. Il doit être « fléché », visuel et accessible afin de permettre à chacun de repérer où quand et comment il valorisera ses bonnes pratiques ou ses intuitions. Il doit également permettre au Management de filtrer, de sélectionner les bonnes idées, d’en apprécier la valeur ajoutée, tout en valorisant les efforts de vos collaborateurs.

La deuxième étape dite de l’Incubation se traduit par un passage de l’idée à l’état d’avant-projet. L’avant-projet doit permettre dans un laps de temps très court (un à trois mois) de mesurer la faisabilité technique et la viabilité économique des idées sélectionnées au cours de l’étape précédente. Vous pouvez soit organiser en interne un accélérateur de projets vous permettant de mettre à disposition de l’équipe l’expertise et les moyens techniques nécessaires soit recourir à des structures externes spécialisées (un des savoir-faire de LYN Consulting) appelées  « incubateurs ».  L’objectif de définir une gouvernance afin de structurer et de réunir les informations permettant de prendre une décision de Go-NoGO dans le temps le plus court possible.

Pour les avant-projets qui franchissent avec succès le cap de l’incubation, la dernière étape est le portage opérationnel qui confirme la gouvernance et marque le passage en mode projet, plus conventionnel en entreprise. Les conditions et modalités de transfert vers une unité opérationnelle existante (ou à constituer) devront être pensées à l’avance, de même que la gouvernance des projets issus de votre incubateur.

Conseil N°2 : cadrer, communiquez votre démarche et encore communiquez !

L’un des facteurs de succès de toute démarche d’Innovation est son cadrage amont et aval. En amont, même si une partie de l’exercice reste ouvert, il est préférable de formuler avec précision des challenges (réalistes) à relever. Ex : Comment réaliser des économies dans l’exploitation de notre plateforme logistique moyennant des investissements à ROI inférieur à 18 mois ?

Durant l’exercice, prenez soin de traiter toutes les idées exprimées, y compris celles qui ne seront manifestement pas retenues. C’est une clef de motivation des personnels et ce dialogue valorise leur implication.

En aval, afficher les résultats de la démarche, les idées retenues et le retour sur investissement.

Conseil N°3 : Optez pour une démarche Lean « ouverte » et mettez à contribution tout l’écosystème de l’entreprise.

L’écosystème interne n’est pas le seul gisement d’Innovations. Pensez à intégrer à votre démarche vos clients, vos fournisseurs, vos distributeurs, autres partenaires et parties prenantes. Pensez même à solliciter les écoles formant à certains de vos métiers. Optez pour la démarche Lean « ouverte » de l’Innovation Collaborative.

Une amélioration de votre service client peut parfois reposer sur une idée de co-développement proposée par un de vos fournisseurs ou par l’expression d’une attente client recueillie au détour d’une séance d’idéation.

Pensez que le Talent est partout et qu’un brassage continu des idées est un accélérateur d’Innovation.

Votre direction de la communication en tirera d’ailleurs les premiers bénéfices : une démarche ouverte est source d’opportunités pour valoriser le savoir-faire de l’entreprise et pour communiquer sur sa culture de l’Innovation.

Enfin, si l’Innovation est devenue l’art de faire « autrement » tout ce que l’on fait habituellement, le processus semble vouloir s’appliquer à lui-même sa propre définition. N’hésitez pas à l’adapter à la culture de votre entreprise voire à inventer vos propres techniques d’Innovation collaborative. Sortez des sentiers battus !

 

Michel Assouline – LYN Consulting – Avril 2015